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Vivement demain

Bulle Dingue

25 Mars 2017 , Rédigé par Marcel Dehem

Bulle Dingue

 

 

Burj Khalifa situé à Dubaï est le gratte-ciel le plus haut du monde. Il culmine à 829 mètres.

Source: wikipedia 2016

 

« Don't be evil »

( littéralement, « ne soyez pas malveillant »

Larry Page, le fondateur de Google a écrit que « Par cette phrase qui est notre devise, nous avons tenté de définir précisément ce qu'est une force bénéfique - toujours faire la chose correcte, éthique...»

 

Babel Tower. 7000 mètres de haut. 1600 étages. Construit en l'an 2320 de l'ère chrétienne sur le territoire de l'ancienne Europe.

Source Google Empire 2323

 

 

                                                     Chapitre 1

Babel Tower étage 135

Cellule de vie d' Oswald

 

...Seules les flammes éclairaient les visages hirsutes de la dizaine d'hommes et de femmes regroupés autour du feu. Les paroles étaient rares. Le gémissement d'un enfant bercé maladroitement par une femme aux cheveux crasseux et emmêlés faisait écho aux hurlements d'une meute de loup.

Un vieil homme vêtu d'un tee-shirt qui avait dû être rouge marmonna quelque chose en pointant un doigt en direction de la lune qui venait de faire son apparition à l'horizon. Tous les visages se tournèrent vers le ciel en psalmodiant.

Ces hommes et ces femmes ignoraient qu'ils faisaient partie des rescapés de la grande catastrophe...

 

Oswald temporairement à court d'imagination, referma brutalement son ordinateur portable. La fille se déhanchait suggestivement en l'invitant à venir jouer avec lui.

Comme il n'était pas d'humeur, il attrapa la télécommande et réduisit l'hologramme au silence, en la laissant malgré tout se dandiner muettement.

Cela faisait plusieurs jours qu'il peinait à imaginer une nouvelle histoire. Il n'arrivait décidément pas à se projeter dans le scénario qu'il avait laborieusement esquissé en pensant à la vie qu'Aami avait dans la brousse.

Il relut les premières lignes du scénario qu'il avait imaginé...dans un futur non défini... les survivants d'une catastrophe lointaine...vivent selon des règles censées empêcher qu'un pareil désastre ne survienne à nouveau...

Agacé par le début de cette histoire qu'il ne savait pas par quel bout attraper, il appuya nerveusement sur la télécommande d'occultation de la baie vitrée et laissa son regard errer sur le paysage déprimant qui entourait Babel Tower.

Au loin, la fumée d'un feu de brousse montait vers le soleil matinal, colorant en orange sale les collines pelées. Un nuage de poussière serpentait en direction de l'incendie. De la hauteur où il se trouvait, le véhicule tout-terrain n'était pas identifiable mais il savait que c'était Franck qui pilotait. Il regarda l'heure sur l'écran de son bracelet connecté en se disant que dans un quart d'heure il devrait foncer à son tour à bord de son véhicule d'intervention pour éteindre ce putain feu de brousse.

Vingt ans plus tôt, son moral en avait pris un coup lorsqu'il avait reçu son affectation au département sécurité extérieure. Il n'avait pas imaginé son avenir comme ça. Il n'avait rien imaginé d'ailleurs. Il s'était contenté de visionner les messages éducatifs et de jouer avec les hologrammes de son âge. Le monde extérieur ne l'intéressait pas. Les histoires qu'il lisait, les films qu'il regardait, ses jeux avec ses hologrammes favoris lui suffisaient amplement. Il aurait préféré travailler derrière un écran, surveiller le bon fonctionnement des circuits vitaux de la tour.

Sortir de Babel Tower, cela voulait dire affronter les dangers du monde extérieur, la puanteur, la chaleur écrasante sans compter ces indigènes qui survivaient de manière inimaginable en se nourrissant de dieu sait quoi au milieu des rats et des insectes.

Il se souvient comme si c'était hier de sa première sortie. Son instructeur avait eu beau lui dire qu'il ne s'agissait que d'une patrouille de routine autour des fondations de la Babel Tower, il sentit son cœur s'emballer lorsqu'ils aperçurent un petit groupe d'indigènes en train de fouiller dans les déchets alimentaires que les robots compacteurs s'employaient à détruire. « Regarde Oswald comment on fait pour les faire fuir! » s'était-il exclamé en fonçant sur les malheureux qui s'éparpillèrent dans tous les sens. Les yeux écarquillés et le dos trempé de sueur devant ce spectacle sordide, il baissa instinctivement la tête lorsqu'un des indigènes lança une pierre dans leur direction. Salopard ! gueula l'instructeur en même temps qu'il donnait un furieux coup de volant et qu'un hurlement ne parvienne à ses oreilles. Un de moins! se contenta de dire l'instructeur avec un rictus de satisfaction ».

 

Le bracelet connecté se mit à vibrer. « On y va, on y va! » grommela-t-il en enfilant le blouson jaune de la sécurité extérieure. La porte de sa cellule de vie coulissa sans bruit derrière lui tandis qu'il se dirigeait vers l'ascenseur en tentant d'évacuer les images traumatisantes de ses premières missions.

Depuis quelques mois il se sentait vaguement déprimé. Il avait songé à consulter mais y avait finalement renoncé. Comment décrire son malaise sans évoquer cette rencontre accidentelle avec l'indigène et son bébé lorsque son véhicule tout-terrain était tombé en panne en pleine brousse. Il avait enfreint les règles et cela pouvait lui coûter cher.

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